C'est la rentrée sur M6 et la petite chaine qui a bien monté démarre en fanfare avec une émission sur un thème porteur : la bouffe, ou plutôt la malbouffe pour reprendre ce terme désormais entré dans le langage courant. Puisque de nos jours il est plus facile de manger vite et mal que de prendre le temps de se pencher sur le contenu de son assiette.
A l'heure où les nouveaux porteurs d'un certain concept d'équilibre alimentaire fleurissent dans les grandes villes et où certains travailleurs urbains stressés redécouvrent le plaisir de la vraie nourriture via quelques enseignes soucieuses du bon et du bien (et de la rentabilité...), qu'en est il dans les cantines ? Que donne t'on à manger aux enfants, quid de leur éveil au goût et de leur équilibre alimentaire ? Si l'on considère selon le point de vue des nutritionnistes qu'il est impossible de concevoir un repas correct pour moins de 1,70 euros par personne alors que les impératifs budgétaires fixent le prix moyen à 1,50 euros, que doit-on sacrifier ou changer afin de s'y plier ?
Réussir à améliorer l'ordinaire, c'est la nouvelle mission assignée à ces véritables "mères nouricières" que sont Michèle et Marie-France, respectivement cantinières d'école à Ezy sur Eure et Eperlègues. Faire acte d'éducation gustative en milieu scolaire. Difficile pour ne pas dire insurmontable au vu des multiples contraintes.
Mais pas impossible selon Cyril Lignac, ambassadeur de cette croisade gustativo-télévisuelle. Selon lui "ce sont les détails qui font que c'est bon". Un brin de thym pour relever un plat, l'art d'accomoder les carottes et courgettes pour en exalter la saveur. A défaut de les rendre aimables aux yeux de nos chères têtes blondes, lesquelles ont souvent pour postulat leur aversion des légumes, connus ou pas, et n'hésitent pas à le faire savoir.
A qui la faute ? La grande majorité d'entre eux sont habitués aux préparations industrielles et rejettent de facto toute autre forme de nourriture. Ajoutez les brioches, barres de céréales, biscuits, en-cas et autres friandises dont les parents garnissent les besaces de leurs chérubins et que ces derniers engloutissent à la première récré, vous comprendrez aisément qu'ils n'aient plus faim à l'heure du déjeuner.
"On peut montrer à ses enfants qu'on les aime autrement qu'en leur donnant de la nourriture facile qui leur fait plaisir" est un des messages que Jean-Michel Cohen s'efforce de faire passer aux parents d'élèves convoqués pour l'occasion. Et leur permettre ainsi de s'éveiller au goût.
Leur procurer un vrai plaisir de la table comme le dit le Chef étoilé Alain Passard. Lequel accueille nos amies cuisinières à l'Arpège et leur fait visiter son potager sarthois pendant que Cyril Lignac se débat avec la gazinière de la cantine d'Eperlègues. Marie-France et sa copine Michèle découvrent les sublimes fruits et légumes anciens ressucités dans ce jardin des merveilles. Poire-melon, panets et rutabagas, feuilles de moutarde au parfum de terroir. Goûts d'une autre époque.
Fin de l'interlude campagnard. Tout ce petit monde regagne ses foyers. Marie-France replonge dans les frites et le surgelé avec la conviction que l'on ne changera rien de manière précipitée. Mais ne perd pas pour autant de vue l'idée qu'il est possible de s'améliorer. Progressivement. A sa manière et si on lui en donne les moyens. Avec coeur.
Quant à Michèle, après avoir tenté le diable avec une audacieuse combinaison de céleri et pommes, elle réussira à convertir ses ouailles grâce aux pâtes aux légumes et cocktails de fruits.
Le plus dur reste à faire, c'est à dire tenir, conserver la motivation nécessaire pour poursuivre cette oeuvre d'éducation et tenir les bonnes résolutions prises...
Mardi prochain la saga continue dans un collège de l'est parisien. Du pain sur la planche pour nos évangélisateurs.
Affaire à suivre...
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