Part 1 : un aller comme on les aime !
Dans la famille "Chauffeur de taxi", je demande... le gentil mais un peu lourd.
Pas de problème, on a ça en stock.
Grosse berline allemande, sièges en cuir, parfum d'ambiance, musique cool parce qu'on est d'jeuns quand même, faut pas déconner, coeur recouvert de tissu et gri-gri papillons en plastique multicolore accrochés au tableau de bord, présumant de l'existence d'une progéniture de sexe féminin, mèches blondes décoiffées au gel, style "je maîtrise".
C'est parti mon kiki !
Et vas-y que je te grille une priorité à droite pour commencer. Mais que je remercie la p'tite dame ébahie tout en commentant d'un "sinon on passe jamais".
Et que j'y aille de ma blagounette derrière une voiture qui modifie son itinéraire un peu lentement à mon goût "il sait pas tourner son volant, lui ?"
Et que je slalome dans l'avenue en m'auto-congratulant "hop, hop, hop, j'anticipe".
Et que je passe à droite. Et à gauche. Et que je repasse à droite. Et à gauche.
Je gère ma trajectoire. Comme dans un jeu vidéo. Je slalome. Je glisse. J'ondule. Je fais corps avec le bitume. Ma Mercos se coule dans la jungle urbaine. Féline. Agile. Je suis comme ça, moi. Trop fort.
"Elle râle, là, derrière ? Mais elle a rien à faire. Il est 10h30, elle rentre chez elle. Alors que vous, vous avez un rdv important." Ben non, pas vraiment mais bon..., si tu veux te servir de bibi comme alibi... feel free, man, j'suis grave hyper détendue, ça roule, fais-toi plaiz'.
"Y'a des jours comme ça, faut faire avec, c'est tout."
Euh... ouais... en même temps c'est dans ta tête que c'est un peu compliqué on dirait...
Pas agressif le Monsieur, juste un peu énervé. Et gentil. Vraiment gentil. Mais lourd aussi. Le poids des commentaires ?
Précautions d'emploi : ne pas prolonger la course au delà de 15 minutes, une exposition prolongée à ce type de conduite pouvant entraîner une overdose.
Part 2 : point de bonheur complet sans un épique retour...
En bus cette fois, faute de taxi disponible. Logique, il est 12h45, ces Messieurs déjeunent...
Qu'à cela ne tienne, j'emprunterai les transports en commun (trop bon cette expression, on a l'impression de tenter une expérience interdite de type "Marie-Chantal à Sarcelles").
Vaguement consciente du fait que ma carte Intégrale 2 zones ne doit pas convenir en cette banlieue lointaine mais décidée à tenter le coup, rassurée par le fait qu'il n'y ait pas plus de 5 stations d'ici au Pont de Sèvres, lequel devrait se situer en zone 2 selon toute ma logique.
Arrivée au terminus. Tout le monde descend. Et se fait serrer par une équipe de gros bras de la RATP. 3 secondes d'espoir que ma carte soit OK, vite oubliées.
Le contrôleur garde le pass qui va pas bien dans ses mains et fait en sorte que je ne sorte pas du bus (allez savoir, je pourrais avoir envie de taper un sprint, ventre en avant sur le macadam), ce qui me vaut la joie d'être bousculée à droite, à gauche, devant, derrière, ils ont tous envie de se jeter hors du bus ou quoi ???
J'entends un truc relatif à une dame, ça doit être de moi qu'on parle, j'encombre un peu le passage...
La dame elle parle tout d'un coup. Elle dit qu'elle est très enceinte (au cas où personne n'aurait remarqué...) et qu'elle a pas envie de se faire bousculer par une bande de petites cailles pressées (ça elle le dit pas tout haut en vrai, elle s'arrête avant de parler de volatiles, mais elle le pense très fort).
La dame on la fait descendre du bus. Et puis remonter. Elle essaie de discuter mais c'est mal barré. Le même sort pour tout le monde. 45 euros d'amende réduits à 25 si paiement immédiat. En CB ou liquide. Mieux que les soldes.
Et là tout d'un coup la dame elle ne sait plus quoi faire. Se résigner et lâcher 25 euros ou lâcher prise et tenter l'apitoiement.
Eh ben figurez-vous que les sanglots sont venus tous seuls ou presque. Même pas eu besoin de forcer, il aura suffi d'avoir l'idée. Sans doute une histoire d'hormones.
"C'est trop injuste."
"J'ai pas trouvé de taxi."
"Je suis enceinte de 8 mois et demi."
"J'ai jamais fraudé."
"Je savais pas qu'on était en zone 3."
"25 euros. Je peux pas payer 25 euros pour ça."
"Je savais pas."
NB : tout est vrai, ou presque.
Les yeux remplis de larmes, secouée de hoquets, je dois faire peine à voir. Tant et si bien que mon interpelleur me fait avancer et sortir et me rend ma carte en me disant de filer.
Inutile de vous dire que je ne me suis pas fait prier. Vaguement honteuse d'avoir joué la carte du tendre mais soulagée d'avoir échappé à la sanction financière...
Quand je vous dis que j'ai une vie mega rock'n roll en ce moment... ;-)
Photo taxi récupérée chez un testeur : http://critikparis.unblog.fr/2007/07/27/les-taxis-a-paris-voila-quelque-chose-qui-laisse-songeur/
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